
Jacques Allaire: l’engagement artistique dans la liberté pour quoi faire?
Propos recueillis par Julie Cadilhac – bscnews.fr / photo Marc Ginot /Jacques Allaire est comédien et metteur en scène. Il a joué notamment sous la direction de Dag Jeanneret, Alain Béhar, Jean-Marc Bourg, Jean-Claude Fall et Patrick Sueur. Son parcours de mise en scène l’a conduit en 2010 à monter Les habits neufs de l’empereur d’après Andersen à la Comédie Française, spectacle sombre et muet qui a été encensé par la critique. Dans La liberté pour quoi faire? ou la proclamation des imbéciles d’après Georges Bernanos, dans un duo avec Jean-Pierre Baro, il est son propre metteur en scène, exigeant autant que généreux.
Rencontrer Jacques Allaire, c’est se confronter à l’exaltation et à l’engagement artistique à l’état pur. Entier et passionné dans ses propos, on est happé lorsqu’il raconte le cauchemar poétique qui est à l’origine de son spectacle. Voici donc la conversation d’un homme de théâtre dont le verbe fourmille d’aphorismes et qui use des mots des grands classiques comme d’un matériau malléable pour créer des toiles théâtrales qui éclaboussent d’émotion. Entendre son flot d’idées enthousiastes ou indignées, ses explications de ses carnets de croquis, bref partager le temps d’un café ( ou deux?) le plaisir de La Création, se confronter à Celui qui est toujours en querelle, l’idéalisme chevillé au corps, c’est véritablement une expérience passionnante dans laquelle nous vous invitons avec plaisir à embarquer et que nous vous restituons par touches de couleur….
Un titre provocateur et interrogatif: « La liberté pour quoi faire? »: Une pique lancée aux héritiers de la révolution de 1789 qui n’ont pas su se servir de ce soulèvement collectif?
Très exactement, c’est une phrase qu’a prononcé Lénine et que reprend Bernanos. J’ai travaillé à partir de deux textes de Bernanos: La liberté pour quoi faire et La France contre les robots qui a un titre de science-fiction, certes, et, dans une certaine mesure, c’en est un puisque Bernanos , lorsqu’il l’écrit, le projette comme étant notre devenir. Il écrit cela en 1947 donc nous, contemporains, sommes les personnages de La France contre les robots. Ce texte- pamphlet a provoqué une onde de choc et Bernanos a du …