
Frédéric Borie, Thomas Bernhard et quelques profiteroles
Propos recueillis par Julie Cadilhac–bscnews.fr/ Photo Claire BESSE/ Illustrations Arnaud Taeron/ Frédéric Borie est comédien et metteur en scène. Sur les planches, il pousse les personnages qu’il interprète jusqu’à l’entière consomption, les auréole d’un charme magnétique et leur prête ses poumons, son coeur et ses jambes avec une implication si profonde que le spectateur en est toujours impressionné.
Il a interprété un Platonov aussi troublant que hâbleur en 2010 sous la direction de Nicolas Oton, un Timon d’Athènes vitupérant avec justesse dans une co-mise en scène avec Marion Guerrero en 2007/08 ou encore un Homme Pratique charismatique dans les Histrions de Marion Aubert. Dirigé également par Patrick Pineau, Gilbert Rouvière, Georges Lavaudant ou encore Jean-Marc Bourg, son expérience aguerri du plateau l’a ainsi naturellement conduit à endosser lui-même le rôle de metteur en scène.Il prône un théâtre de l’incarnation, au service des textes et de leurs problématiques et chacune de ses créations naît d’un coup de foudre artistique pour un acteur. Après avoir fait jouer Shakespeare (Timon d’Athènes, Hamlet) ou encore Molière ( Tartuffe), il travaille aujourd’hui sur Déjeuner chez Wittgenstein, une pièce de l’auteur autrichien Thomas Bernhard. On y découvre Voss, un philosophe brillant interné dans un hôpital psychiatrique en visite chez ses deux soeurs à Vienne, Ritter et Dene. Une rencontre épineuse – tentative désespérée de Dene – qui se solde par un échec et prouve l’impossibilité de réconciliation et d’entente au sein d’une famille malade. Un repas pétri de jalousies fraternelles, de rivalités étouffantes et de psychoses menaçantes. Une pièce à l’humour grinçant et au verbe polémique jouée pour la première fois au Cratère d’Alès le 10 janvier 2012 .« Quand nous savons ce qui nous attend, nous le supportons plus facilement » disait le caustique Thomas Bernhard dans le Naufragé. Nous n’allions donc pas rater …
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